Production de vin : quelles sont les contraintes du passage en agriculture bio ?

En réponse à de nombreuses dérives de ce qui est appelé “l’agriculture conventionnelle”, l’agriculture biologique connaît un essor sans précédent.

Quelles sont les contraintes du passage en production de vin bio ?

En réponse à de nombreuses dérives de ce qui est appelé “l’agriculture conventionnelle”, l’agriculture biologique connaît un essor sans précédent. Et la viticulture est particulièrement affectée. Selon le baromètre Sowine/Dynadata de 2021, 67% des français déclarent regarder si une bouteille est bio avant d’acheter. Résultat ? Les bouteilles de vin biologique s’alignent de plus en plus chez les cavistes autant qu’en grandes surfaces.

Mais comment cette transition affecte nos vignerons et producteurs ? Quels engagements se cachent derrière les certifications bio ? Quel modèle soutenez-vous lorsque vous achetez une bouteille de vin bio ? 

Que représente le marché du vin bio en France ?

Lors de la dernière étude effectuée par l’IWSR (Institute of Wine and Spirit Research), la France s’apprêtait m, en 2019, à devenir le premier marché consommateur de vins biologiques, et était le second marché producteur. Un français sur trois consommait alors du vin bio. Depuis, la tendance s’est encore accélérée et a survécu davantage à la crise que les vins conventionnels.

En chiffres, le marché du vin bio reste minoritaire en valeur, mais est en pleine croissance. En 2019, il a atteint le chiffre vertigineux d’un milliard cinq d'euros (environ 11% de la production française de vin). À cette même date, presque autant de vignerons étaient en conversion vers l’agriculture biologique et le goût des français pour le bio était à peine en éveil. Le bio est indéniablement un marché d’avenir en France pour les vignerons. 

Pourquoi passer au bio, quels avantages en retirer ?

Le bio est donc un choix d’avenir. C’est un marché très prometteur qui est plus hermétique à la crise. La demande française et internationale augmente et les prix moyens sont supérieurs. Le vin biologique est un atout permettant de se démarquer face à une concurrence toujours plus rude, de s'assurer  un public d’amateurs et d'avoir la possibilité d’augmenter ses tarifs vers une rémunération plus juste. En effet, les français sont prêts à payer plus cher une bouteille issue de l’agriculture biologique. 

Outre cet avantage financier et marketing, la transition vers le bio peut également être le reflet d’un engagement personnel de la part du vigneron. S’engager en bio, c’est aller au-delà de l’agriculture raisonnée. C’est choisir de ne plus faire appel aux produits phytosanitaires chimiques. Proches de la terre, de nombreux vignerons voient dans les labels biologiques une récompense à leur philosophie de travail de la vigne. 

Cela nous amène à un troisième et dernier avantage : la qualité des sols. Il est à présent démontré par de nombreuses études que l’utilisation de produits chimiques peut durablement appauvrir les sols et générer davantage de problèmes que de solutions. Face aux conséquences très visibles après plusieurs années d’agriculture intensive, de nombreux vignerons se tournent vers le bio (ou également la biodynamie) pour redonner vie à leurs sols et vitalité à leurs vignes.

Passer au bio, un projet en plusieurs étapes

Passons du côté de nos vignerons. Se convertir au biologique implique un temps d’adaptation à la fois pour le producteur et pour l’écosystème du vignoble. L’arrêt des produits phytosanitaires chimiques va créer des déséquilibres par rapport aux habitudes dans le vignoble, dans un premier temps. Le vigneron n’aura plus accès aux produits habituels et devra plus largement faire appel à des actions préventives et être attentif à la vie de la vigne. Et cette vie aussi va subir des perturbations avant de se stabiliser à nouveau.

C’est pourquoi le processus de transition se déroule sur trois ans, avant que le domaine puisse apposer le label biologique sur ses bouteilles. Il est d'ailleurs à noter que certains vignerons ne convertissent pas toutes leurs parcelles à la fois, pour assurer une continuité économique de leur production.

Le vigneron doit, dès la première année, respecter les règles du label (le plus connu étant le label européen, le label AB). Il doit n’utiliser que des intrants organiques selon un strict cahier des charges. Ce n’est qu’après trois ans, c'est à dire à la quatrième vendange suite à la transition, que les cycles naturels sont considérés complétés. Les vins sont certifiés et permettent l’apposition d’une mention indiquant que les raisins sont issus de l’agriculture biologique. Depuis peu, il est possible pour le vigneron en transition d’indiquer lors de la deuxième et la troisième année de vendanges “conversion à l’agriculture biologique”.

Se faire aider dans sa transition au bio

Outre les efforts administratifs, la transition vers le bio exige également des investissements et un changement radical de façons de faire. Pour accompagner les vignerons, plusieurs organismes proposent des réseaux d’entraide et des formations. C’est notamment le cas des chambres d’agriculture régionales.

Ces formations sensibilisent aux intrants d’origine organique qui sont autorisés, à leur fonctionnement ainsi qu’aux points d’attention qui sont importants lors du changement. Elles sensibilisent également aux différentes plantes et aux travaux du sol qui permettent de rendre possible le travail de la vigne sans intrants chimiques. 

Ces aides mettent l’accent sur l’attention minutieuse et régulière, la réactivité, le matériel et les produits organiques autorisés ainsi que sur la couverture du vignoble qui sont nécessaires à réussir sa conversion vers le bio.

Ces efforts sont loin d’être négligeables et marquent un réel engagement pour la biodiversité, ainsi qu’un pari en l’avenir. Malgré cela, chez Avenuedesvins, nous remarquons qu’un nombre grandissant de vignerons se déclare volontaire à la transition. C’est pourquoi nous vous invitons à découvrir leur histoire et leurs parcours, à travers nos fiches producteurs et nos portraits de vigneron. Le voyage vers le bio, c’est aussi et surtout un retour au vignoble, une volonté de se reconnecter à la nature, et aux vignerons qui la travaillent au quotidien.