Comment les vignerons s'adaptent aux nouvelles conditions climatiques ?

Les changements des conditions climatiques induites par le réchauffement climatique se font sentir depuis quelques années. Loin d’être une hypothèse, c’est un réel challenge pour les vignobles de France déjà aujourd’hui. 

Nous l’avons vu cette année notamment (2021) avec - non pas des conditions de chaleurs extrêmes - mais avec des épisodes fréquents et instables de gel.

Températures plus chaudes, sécheresses plus fréquentes, épisodes de gel et pluies déréglées sont autant de symptômes qui touchent de plein fouet l’activité viticole. Face à ce phénomène et à sa reproduction d’année en année, les vignerons s’adaptent, anticipent et réfléchissent à l’évolution de leur activité. Et ont, plus que jamais, besoin du soutien direct des circuits courts et du direct producteur.

Des changements climatiques qui mettent les vignes à rude épreuve 

Lorsque l’on parle de “réchauffement climatique”, nous avons tous trop souvent tendance à penser que la météo va se réchauffer. Hors climat et météo sont deux choses différentes. Si le climat (la météo moyenne sur une période de temps conséquente) se réchauffe bel et bien, la météo devient quant à elle plus instable. Les masses d’air et le cycle de l’eau sont notamment très perturbés par le réchauffement global et créent davantage de dépressions atmosphériques, par exemple. 

C’est le phénomène qui était à l'œuvre ce printemps lors du gel qu’a subi le vignoble français : une dépression atmosphérique causée par des masses d’air chaudes inhabituelles en arctique a envoyé l’air froid vers l’Europe.

Les impacts du dérèglement climatique sur la vigne sont de trois ordres :

  • La chaleur moyenne sur un millésime est plus élevée, et peut connaître des pics inhabituels : 

    • Les vendanges deviennent plus précoces et les raisins poussés à mûrir plus rapidement qu’à l’idéal ;

    • Les  arômes des raisins sont impactés ainsi que le taux de sucre (et donc le taux d’alcool dans le vin final) ;

    • Des baies peuvent “brûler” au soleil et être gaspillées risques de cramer les baies ;

    • À l'extrême, les risques d'incendies sont exacerbés comme a pu le démontrer l’exemple récent et malheureux des vignobles Californiens. 

  • Des changements climatiques changent la donne dans les vignes :

    • La probabilité de sécheresse est plus grande et leur fréquente plus intense ;

    • Les épisodes de gel peuvent intervenir plus souvent et de manière plus imprévisible ;

    • Les inondations sont plus fréquentes, comme dans le Bordelais en ce début d’année 2021.

  • Et enfin, la connaissance de ces phénomènes et de l’urgence climatique dans le public génère des inquiétudes du côté des consommateurs : l'agriculture bio, biodynamique, et autres nouvelles techniques plus “éco-friendly” sont en plein essor. 

Comment les vignerons s'adaptent à ces changements

Les vignerons s’adaptent, individuellement et collectivement, en développant à la fois des nouvelles techniques et en étudiant de nouveaux cépages ou régions.

Les nouvelles techniques sont nombreuses, notamment pour réduire l’impact du changement climatique sur le vignoble : agroforesterie, effeuillage moins intense ou encore gestion de l’enherbement permettent de naturellement gagner quelques degrés de fraîcheur, de l’ombre pour les baies et une meilleure rétention d’eau. Et ce ne sont là que quelques exemples de techniques étudiées par les vignerons. 

Une autre option explorée est de tester de nouveaux cépages. Les vendanges se font de plus en plus tôt car le profil climatique accélère la maturité des raisins. Cela peut être gênant car cela laisse moins de temps à la baie pour atteindre le bon ratio sucre / acidité. De nombreuses régions intègrent et essayent de plus en plus de cépages oubliés ou venant d’autres régions dans l’optique de faire face aux nouvelles conditions. 

Et enfin, on remarque une hausse considérable des vignobles cultivés selon les principes de la biodynamie et de l’agriculture biologique, en miroir aux inquiétudes des consommateurs.

Va-t-on vers un changement du paysage viticole français ?

Si nous ne sommes clairement pas encore à retracer la carte des vignobles, le changement climatique semble être là pour rester. Le changement du paysage viticole français est déjà bel et bien en marche. À titre d’exemple, le géant champenois a déjà planté de nombreuses vignes en Angleterre, pour anticiper ce déplacement des conditions climatiques. De même, les vignes en Bretagne commencent à se dévoiler et certaines régions commencent à rencontrer de belles difficultés.

Il est donc indéniable que, chemin faisant, la carte des vins de France va rencontrer certains changements. Tout simplement car c’est déjà le cas, lorsque l’on regarde le nombre de régions qui autorisent de nouveaux cépages dans les AOC pour faire face à cette nouvelle donne. 

Jusqu'où ira ce changement ? Tout va dépendre des prochaines années, de la capacité des hommes à contrôler ces changements et de la capacité du climat à se réguler à nouveau.