4 cépages oubliés qui valent la peine d'être (re)découverts

Si l'on vous parle de potimarron ou de topinambour, un adjectif devrait vous venir en tête : oublié. Eh bien figurez-vous qu'à l'instar des légumes oubliés, il existe des cépages oubliés qui, jadis, faisaient partie intégrante du paysage viticole français, mais qui aujourd'hui tendent à disparaître.

4 cépages oubliés à redécouvrir

Si l'on connait bien les cépages comme le cabernet sauvignon ou le chardonnay, il existe d'autre cépages moins connus. Qui sont-ils et d'où viennent-ils ? Voici l'histoire de 4 d'entre eux.

1) Loin de l'œil...mais près du coeur

"Loin de l'oeil"... pas banal pour un nom de cépage ! Originaire du vignoble de Gaillac, le loin de l'œil est un cépage blanc aux grappes de taille moyenne et aux pédoncules très longs. C'est cette caractéristique qui lui vaut son nom hors du commun, l'oeil faisant référence à ses baies situées loin de ses pédoncules. Très populaire dans les années 1870 mais désormais en voie d'extinction, le loin de l'oeil génère des vins secs et parfumés dotés d'une faible acidité. Cultivé en surmaturation, ce raisin donne également naissance à des vins moelleux ou liquoreux.

2) Romorantin : un cépage près du Château de Chambord

Vous avez peut-être déjà visité le célèbre château de Chambord et peut-être même déjà entendu parler d'une petite ville voisine appelée Romorantin. Mais saviez-vous qu'on y trouve un cépage qui porte le même nom ? Cultivé sur un minuscule terroir, les origines de ce cépage blanc aux grappes remontent à l'époque de François 1er, qui en 1579 commanda à Léonard de Vinci les plans du château de Chambord, en exigeant qu'une vigne entoure les murs. Peu à peu remplacé par le sauvignon au fil des ans, les plantations de romorantin demeurent aujourd'hui exclusivement dans le Loir-et-Cher, en appellation Cour-Cheverny. On le reconnaît par ses baies blanches de taille moyenne et ses feuilles de vignes en forme de coeur. Les vins élaborés à base de romorantin sont généralement des vins blancs secs et fruités aux arômes de fruits blancs et de miel.

3) Rosé du Var : à ne pas confondre avec la roussanne !

Comme vous pouvez vous en douter, il n'y a pas que des cépages blancs dans la famille des cépages oubliés. On trouve également des cépages rouges et roses, comme le rosé du var par exemple. Comme son nom le suggère, ce cépage originaire du Var (PACA) se reconnaît à ses grosses baies roses et génère des fins frais et acidulés au nez souvent expressif. "Les anciens l'appelaient roussanne du var, mais ce terme fut rapidement abandonné à cause du risque de confusion avec la roussanne, avec laquelle elle n'a rien en commun", explique Thomas Merle, vigneron au Domaine Bouisse Matteri et fervent défenseur des cépages oubliés qui cultive le rosé du var, ainsi que le mourvaison, un autre cépage oublié (cépage noir).

4) Mollard : cépage emblématique de l'IGP Hautes-Alpes

Cépage rouge dont le nom signifie « petit mont » ou « petite montagne », le mollard fait partie intégrante de l’histoire de la vigne dans l'IGP Hautes-Alpes. Mais dans les années 80, de nombreux vignerons décident de l’arracher pour le remplacer par des cépages internationaux comme le cabernet ou la syrah afin de séduire un plus large panel de consommateurs. Des parcelles de mollard subsistent alors dans les Hautes-Alpes, mais faute de renouvellement, leur état sanitaire se dégrade et le cépage se retrouve menacé de disparition. Pourtant, un domaine ne l'abandonnera jamais : le Domaine Allemand, considéré aujourd'hui comme le domaine pionnier du mollard. Dans les années 90, le vigneron Marc Allemand lance plusieurs expérimentations pour sauvegarder ce cépage montagnard, qui offre des vins au nez épicé et aux notes torréfiées. Au début des années 2000, une vigne mère est plantée afin de relancer la production de mollard. Aujourd’hui, le domaine possède la parcelle de vigne mère de ce cépage, dont sont issues toutes les nouvelles plantations certifiées de mollard.